La gueule du loup

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Mathilde et Lou viennent de décrocher le bac et décident de partir en vacances à Madagascar, toutes seules. Le séjour débute dans un lieu paradisiaque, avec rhum arrangé et musique. Puis elles poursuivent leur road trip  dans l’île en direction de la capitale où elles découvrent l’envers du décor du Paradis : la misère dans toute son horreur. De la mère qui veut vous vendre son enfant à l’exploitation sexuelle que pratiquent sans vergogne des Blancs plein aux as et libidineux. Lou et Mathilde vont sympathiser avec une jeune Malgache de leur âge. En voulant l’aider, les gamines vont être entraînées dans une course folle : un type louche est à leurs trousses.

Je vais y aller « cash » : je suis très déçue par ce roman et c’est d’autant plus dommage que les pistes initiées (l’exploitation humaine par le biais de la  prostitution, la découverte d’une culture très différente de la nôtre)  auraient pu être intéressantes si tout cela n’avait pas été gâché par pas mal de choses.
Ce livre a toutes les allures d’un thriller sur fond documentaire. L’environnement malgache est très envoûtant, on en apprend beaucoup sur le malheur de cette île continent, sur sa culture et les rites qui y perdurent. On se perd avec Mathilde et Lou dans la jungle, sous un arbre censé protéger des mauvais esprits. De ce point de vue-là, le roman vous emporte loin.
Par contre, j’ai trouvé très étrange que la copine malgache de Mathilde et Lou s’expriment exactement comme elles, avec ce langage un peu trop « djeunse » pour être totalement crédible.
Quant au « méchant », il échappe de manière tout à fait miraculeuse d’une chute qui aurait dû lui être fatale (on le devine très tôt d’ailleurs). Et en fin de compte, à la fin, on se dit qu’il n’était pas si malin…
L’intrigue en elle-même tombe donc à plat assez vite. Je me suis peu attaché aux personnages, pas assez fouillés. Mathilde est la copine intrépide et Lou la copine timide. A un moment, on pense que Lou a plus d’un tour dans son sac et va nous montrer une autre facette de sa personnalité. Mais là encore, ça ne va pas jusqu’au bout et ce n’est pas à elle qu’il va arriver ce que je vais appeler « quelques bricoles »…

Cependant, le pire est ailleurs : par dessus tout, j’ai vraiment détesté jusqu’à en être horripilée le registre choisi pour ce roman. Je sais que Marion Brunet écrit sans fioritures. Mais pour un roman destiné aux ados, ça dépasse les bornes, à mon goût. Registre trop vulgaire, trop trash pour le public visé à qui ça n’apportera pas grand chose.

Extraits  :

« Quand elles te sucent, t’as peur qu’elles y laissent les dents. » (p.53)
« Qu’il me baise, c’est un détail. Ouvrir mon corps je sais faire, pour que ça fasse pas mal » (p.75)
« Terreur et vide, dans mes prunelles et jusqu’à mes orteils peints en rouge, en passant par ma chatte, ma peau et mes viscères » (p.75)
« Si à chaque fois que tu promènes ta queue hors de la maison, tu ramènes une nouvelle bouche à nourrir, il va falloir que tu travailles un peu plus, mon ami ! »
« Et il s’est pointé à la maison, la queue entre les jambes (…) » (p.114)

Il semble qu’on peut faire passer le souffrance humaine et le comportement ordurier autrement, sans finalement passer par cette sorte de facilité qu’est le vocabulaire obscène (les scènes obscènes)  à répétition qui finit par agacer, vraiment. Parce que tout le monde est peu ou prou capable d’écrire ainsi. La pudeur peut aussi faire passer des choses, avec davantage de subtilité…
Bref, en défaut par rapport au public visé. Sans doute ce qui fera rater des sélections à ce roman qui aurait pu tenir la route par son fonds documentaire sur Madagascar riche et intéressant.

J’avais beaucoup aimé Frangine. Je suis d’autant plus déçue.

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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