La main droite du diable

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Traduit par Pierre Bondil

4e de couverture : « Ivrogne. Petite cinquantaine. Récemment libéré de l’asile psychiatrique. Cherche emploi bien rémunéré. » Les choses vont mal pour Jack Taylor. Certes il a arrêté de boire, mais après avoir végété dans un asile psychiatrique, il se retrouve dans les rues d’un Galway qui lui semble inconnu. En quelques mois, tout paraît avoir changé. Jack ne reconnaît plus rien dans cette Irlande en pleine prospérité économique. Taraudé par le remords après la mort de la petite Serena May, il essaie de remettre un peu d’ordre dans sa vie. Il accepte avec réticence d’enquêter sur la mort d’un prêtre retrouvé décapité dans son confessionnal. Dans un pays dont les valeurs vacillent, alors que les scandales pédophiles secouent l’Eglise catholique irlandaise, Jack Taylor va devoir faire face à ses pires démons… »

J’ai rencontré Jack Taylor avec Le martyre des Magdalènes et j’avais trouvé ce personnage d’un cynisme et d’un humour délicieux ! A vrai dire, à la lecture de la quatrième de couverture, on peut hésiter à vouloir le rencontrer ! Mais il ne faut pas, au contraire…

Jack Taylor mène des enquêtes mais a la particularité de n’être pas inspecteur, ni commissaire, même plus garda siochana (gardien de la paix) parce qu’il s’est fait viré. Il est reconverti en détective, même pas privé. Bref, un drôle d’énergumène ! Pourtant c’est un grand coeur et un homme sensible (si, si) : responsable de la mort de la fille de son meilleur ami par défaut de surveillance, il a sombré dans une grave dépression qui l’a mené tout droit à l’hôpital psychiatrique où il est resté 5 mois, dans un état de prostration totale. Il doit sa renaissance à un autre patient, un Camerounais, pas aux médicaments.
Jack se retrouve dans les rues de Galway, sa ville (et celle de son créateur, Ken Bruen) pour notre plus grand plaisir, de sucroit en pleine canicule de 2003 (oui, je confirme que la canicule a bien touché l’Irlande en 2003 !)… Il découvre que son meilleur ami est devenu ivrogne et clochard et que l’ex-femme de celui-ci, n’a qu’une envie trouer la peau de Jack à la première occasion. Pourtant, ce n’est pas ce qui va occuper notre héros, mais le meurtre d’un prêtre…

Ken Bruen aborde ici sans concession ni « édulcorant » les scandales de la pédophilie en Irlande. Il n’hésite pas à faire parler les victimes et c’est l’occasion pour Jack Taylor de régler ses comptes avec un prêtre qui traînait un peu trop avec sa mère : les hommes d’église aimaient bien les femmes seules avec enfant. Ken Bruen n’hésite pas à secouer le lecteur par une écriture qui ne fait pas dans la dentelle et un humour noir corrosif qui fait mouche !
Jack Taylor traîne ses guêtres dans les rues de la Galway du Tigre celtique et rien ne lui échappe. Il a le sens de la répartie, surtout en ce qui concerne son pays :

« L’Irlande est un pays de questions et de très très rares réponses » (tellement vrai !!)

« Conseiller aux gens, en Irlande, de faire attention au soleil, c’est aussi rare que de servir du bacon sans chou pour l’accompagner »

« Jamais vous ne verrez, et je dis bien jamais, un citoyen irlandais passer sous une échelle ou ne pas croiser les doigts pendant un match de hurling »

« Neuf fois sur dix les femmes d’Irlande ne manquent pas de vous casser les couilles » : ah bon ? je crois que l’inverse est tout à fait vrai !!

L’autre événement majeur de cette aventure c’est que Jack a renoncé à tout jamais à l’alcool.  Et il tient parole : il va au pub avec les diverses personnes qu’il rencontre mais, s’il commande un bière, il la laisse intacte ! Au pire, il essaie une cuite au café noir…

Le personnage de Jack Taylor m’a un peu fait penser à John Rebus, le héros de Ian Rankin… Comme son confrère écossais, Ken Bruen sait vous plonger dans l’ambiance d’une ville avec un personnage tout sauf parfait…

Autre détail d’importance : Jack Taylor est un amoureux des livres, surtout des romans noirs des années 50. Rien de tel qu’un petit David Goodis pour remettre notre héros sur pied : « Je voulais seulement avoir du temps pour me reposer, essayer de récupérer un peu d’énergie. Je me plongeai intensément dans la lecture. David Goodis, bien sûr. Dans le lot que m’avait préparé Vinny, il y avait Eugène Izzi, Invasions, coincé entre Cauchemar et Cassidy’s Girl. Si un écrivain de romans noirs a un jour connu une fin noire, c’est bien lui. »

Bref, un Ken Bruen de très très bon cru, qui rend accroc ! Ce roman noir a d’ailleurs obtenu le Grand Prix de littérature policière 2009.
On en redemande !

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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