A travers les mots de Marie Hermet
Lian est une jeune chinoise vivant à Hong Kong. Elle a seize ans et mène une double vie : lycéenne le jour ; hacker activiste dès qu’elle n’est pas à l’école, au sein du groupe « 04/06 », qui communique via une sorte de forum ultra-secret où le mot d’ordre est de ne rien qui puisse vous identifier. Lian devient donc Komiko quand elle se connecte.
Lian est issue d’un milieu aisé et fille d’un homme d’affaires. Sa meilleure amie est une fashion victime dont le passe-temps favori est évidemment de faire du shopping – et de regarder les garçons. Le cadavre d’une jeune fille retrouvé sur une plage et l’arrivée au lycée d’un jeune Américain au « sourire dentifrice » , fils d’un puissant et connu groupe de prêt à porter, Harrison Company, va bouleverser la vie des deux lycéennes et amener Lian à risquer sa vie.
J’ai découvert l’existence de « Nom de Code : Komiko » en assistant au débat autour de la pré-sélection 2014 du Prix Les Mordus du Polar, organisé par les bibliothécaires de la Ville de Paris au Salon du livre de Paris cette même année.
Lian, la jeune héroïne mène une lutte contre la corruption qui gangrène son pays et menace la vie de sa propre famille. Elle découvre avec effroi que la fameuse ligne de T.shirts et de jeans so fashion auprès des ados, estampillé d’un « H » bien reconnaissable, est en fait un produit monstrueux : exploitation de la main d’oeuvre, non respect du droit du travail, impact sur la santé des ouvriers en raison produits utilisés sans respecter les normes, impact sur l’environnement, délocalisation du groupe américain en Chine où la main d’oeuvre est moins chère pour faire toujours plus de profit. Rien ne fait peur au PDG de la société.
« Un terme qui lui était familier revenait souvent : formaldéhyde ; elle savait qu’on l’utilisait pour embaumer les cadavres, mais pourquoi donc fallait-il qu’on en trouve aussi sur les jeans portés par les vivants ? (…) il servait à empêcher la moisissure de se former pendant le transport et le stockage. Les effets de la molécule étaient effrayants ; outre son potentiel cancérigène, elle provoquait à peu près tout, depuis les irritations des yeux jusqu’à des problèmes respiratoires qui pouvaient être mortels. »
Lian, alias Komiko n’est pas au bout de ses peines ni de ses surprises : derrière son écran et son pseudonyme, elle se croit à l’abri de tout et irepérable. Pourtant, malgré son habileté et son ingéniosité, elle aura bien des déconvenues. Les dangers d’internet est aussi un point fort de ce polar technologique. On n’en rate pas une miette et surtout il y a une belle surprise, un coup de théâtre inattendu qui bouscule les idées reçues.
Une lecture très divertissante, au suspense haletant, un page turner intelligent par les thèmes abordés. Une sensibilisation des jeunes au phénomène de la mondialisation et ses conséquences, aux dérives du capitalisme outrancier, aux dangers de la Toile et dans une certaine mesure, au délit de faciès.
Bref, j’ai adoré.
Quant à savoir qui est Naomi Paul : là aussi, il y a une subtilité puisqu’il s’agit de plusieurs personnes. Ecrire un polar à plusieurs mains n’est pas chose aisée, on peut donc souligner la performance et celle de la traduction (impossible de trouver qui a écrit quoi) !
Enfin, cela a son importance aussi – même si la couverture ne fait pas un livre, elle y contribue : illustration très sympa !
Les aventures de Lian ont de quoi séduire et elles continuent d’ailleurs dans deux autres volumes.
Prix des Mordus du Polar 2014
Le Prix des Mordus du polar ? Je ne connaissais pas.
J’aimeJ’aime
Organisé par les bibliothèques de la Ville de Paris. 🙂
J’aimeJ’aime