Traduit parJean Guiloineau
4e de couverture : « En 1955, Leonard Marnham, jeune technicien anglais, arrive dans le Berlin d’après-guerre pour participer à l’opération Gold, une vaste entreprise de services secrets anglo-américains visant à mettre sur écoutes les lignes téléphoniques des Soviétiques. Il rencontre une jeune Allemande, Maria, qui l’initie aux mystères de l’amour.
Mais à mesure que Leonard s’enfonce dans la guerre froide, cet amour vibrant et sincère le plonge dans les bas-fonds de l’horreur absolue. Comment une passion, si forte soit-elle, peut-elle rester pure dans un monde d’apparences, de trahisons et de menaces ?
Un grand roman d’espionnage qui bascule dans le cauchemar. »
Un roman très différent de ceux que j’ai lu de cet auteur (Samedi, Expiation, Sur la plage de Chesil). Il fut écrit en 1989. Avant la Chute du Mur et quelques lignes à la fin résonne comme une prémonition. Assez incroyable.
Une découverte de l’ambiance du Berlin de 1955, ville écartelée entre Anglais, Américains, Français et Russes. Le héros, Leonard, tout jeune Anglais à la solde des Américains, est chargé de mettre en place le matériel pour espionner les lignes soviétiques. Il découvre l’Amour en la personne de Maria, dans cette ville qui ressemble à un cauchemar.
Au début, j’ai trouvé les deux personnages très sympathiques et le » boss » américain de Léonard, Bob Glass, très antipathique.
Puis, au fur et à mesure, les personnages deviennent plus complexes qu’ils en ont l’air. On perd ses repères. Innocent Léonard ? En amour oui mais il apprend vite ! Et à l’extérieur aussi ! Maria, une pauvre fille qui a été mariée à Otto, un Allemand ivrogne, qui vient une à deux fois par an encore pour la tabasser… Oui, certes, c’est abject et cet Otto est bien détestable. Mais l’attitude de Maria à l’égard de Léonard n’est pas toujours « nette ». Elle sait le manipuler.
Et lorsque Leonard et Maria lui rendent la monnaie de sa pièce à Otto, ils me sont devenus encore plus détestables que tous les autres personnages du roman, à vouloir se trouver des excuses et un semblant d’innocence !!
Ce roman fait perdre au lecteur ses repères habituels en l’enfonçant dans un cauchemar sans nom. C’est l’histoire de manipulations en chaînes… Comme à son habitude, Ian McEwan réserve une surprise au lecteur à la fin du roman, dans le Berlin de 1987. Je suis encore partagée pour mon avis sur le héros, entre pitié et colère…
Quant à Maria, je trouve qu’elle s’en est bien sortie.
Un roman qui interroge la part d’ombre de l’être humain tout comme la frontière entre l’innocence et responsabilité.