Traduit par Eric Boury
4e de couverture : « Einar, correspondant du Journal du soir, est envoyé en reportage dans la région des fjords du nord-ouest de l’Islande. Peu après son arrivée, des épisodes étranges se succèdent : une maison brûle, une tombe est profanée, une ex-vedette de football est assassinée. Avec son air ironique et désabusé, Einar apprivoise les habitants de cette région sinistrée par la crise et remonte le fil des événements. »
Quel beau voyage que nous propose là Arni Thorarinsson : une visite de la région des Fjords de l’Ouest, en Islande (évidemment !) sur les pas du journaliste Einar. Décidément, ces Nordiques et notamment ces Islandais sont vraiment très très forts et ce livre n’a fait que redoubler mon enthousiasme (déjà énorme !) à leur égard ! C’est bien simple : j’ai du mal à partir de cette contrée d’Europe glacée quand l’histoire se termine.
Ce roman fait suite au Dresseur d’insectes et c’est le troisième traduit en français jusqu’à présent. Einar, qui subit la crise de la presse écrite et ses restructurations, accepte d’aller se perdre dans cette contrée où s’aventurent seulement « 2% des étrangers » arrivant pour visiter l’Islande. Nous sommes fin octobre, mais déjà les tempêtes de neige alternent avec la pluie… Ambiance !
Mais malgré cette froidure, il se trouve que les maisons prennent feu… Tout de suite, beaucoup d’habitants y voient l’oeuvre des gothiques, ces ados qu’ils jugent comme étant des adeptes du diable (évidemment!). Mais les événements et les suspects se multiplient. Et la police ne lâche rien à la presse.
Einar, qui doit pouvoir écrire des articles dignes de ce nom, décide donc d’enquêter lui-même et va à la rencontre de la communauté hétéroclite de la petite ville d’Isafjördur. Pourtant, le journal ne le voit pas de cet oeil, parce que l’hôtel, c’est cher dans ce trou paumé ! Peu importe, Einar se fait héberger par un policier local, d’une humeur d’ours et haut en couleurs, mais toujours prêt à partager une bouteille de Brennivin (eau de vie aromatisée au cumin et surnommée la Mort noire) !
On apprend que dans cette région d’Islande, pourtant, »depuis longtemps, des gens viennent d’un peu partout travailler ici dans l’industrie du poisson : des Polonais, des Australiens. Ils ont [ même] fini par s’intégrer ». Et si certains parents s’inquiètent du langage bizarre que développe leur très jeune progéniture, il ne faut pas s’en inquiéter, c’est qu’elle est devenue bilingue puisqu’elle passe son temps entourée de petits Polonais à la maternelle !
Ici c’est effectivement l’industrie du poisson qui prédominait mais la région est en pleine mutation : « les revenus moyens de la population des Fjords de l’Ouest ont diminué : il y a vingt ans, ceux-ci figuraient parmi les plus élevés d’Islande alors qu’ils se classent maintenant parmi les plus faibles. Autrefois, il y avait des chalutiers dans chaque fjord, mais peu à peu, le système des quotas, la vente libre des autorisations de pêche et leur limitation ont sonné le glas des vieux villages de pêcheurs ». La mode est maintenant à l’industrie pétrolière et au tourisme. Tant pis si la population a diminué de 18% en 20 ans, c’est peut-être un moyen de faire descendre le chômage. Mais bien évidemment, tous les gens du cru ne sont pas du même avis.
J’ai adoré suivre Einar au jour le jour dans cette région iodée que le livre donne envie de visiter (je ne sais pas si c’est vraiment voulu par l’écrivain). J’ai adoré tous les personnages rencontrés, même si certains ne sont pas franchement sympathiques. La fin est totalement surprenante parce que, évidemment, le coupable n’est pas du tout celui qu’on imagine… Ce qui est sûr, c’est que les femmes de ce roman ont un foutu caractère et Arni Thorarinsson une bonne dose d’humour : plus d’une fois je me suis surprise à éclater de rire ! Einar a une copine qui ne se laisse marcher sur les pieds !! La thématique des hommes battus est soulevée… peut-être le sujet du prochain roman ?
En tout cas une très belle étude sociologique et un titre qui renvoie à la magie et au sacré, comme cela est expliqué dans le roman…
Dernière chose ô combien surprenante : à Isafjördur, dans le roman, il y a une Maison de l’Ecosse ! Et toc !
Alors, rien que pour ça, Iceland Power ! :-p !